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En février dernier paraissait, dans la revue Phytomedicine, un article publié par des auteurs iraniens du département de bactériologie de l’université Tarbiat Modares reprenant plusieurs études et observations évaluant l’intérêt de certaines huiles essentielles (HE) sur des bactéries résistantes aux antibiotiques. On pouvait y constater que, testées sur des staphylocoques dorés résistants à la méticilline (SARM), selon la classique technique de diffusion en gélose, l’HE de thym révélait de remarquables propriétés inhibitrices, et que cet effet était sans doute du au thymol, composé majeur mis en évidence par chromatographie gazeuse et spectrométrie de masse. Les auteurs, bien évidemment, souhaitaient pour finir que ces résultats obtenus in vitro soient confirmés in vivo…

Alors, vraiment efficace, le thym et son HE, sur les staphylocoques, résistants aux antibiotiques ou non ? Pour intéressante qu’elle apparaisse, l’étude de Tohidpour n’est pas novatrice et force est de constater que les données sur le sujet s’accumulent, avec des résultats assez concordants. En témoigne, cet autre travail de 2009 de PH Warnke et coll. ciblant les infections nosocomiales et, encore une fois, le SARM (mais pas seulement) : de larges zones d’inhibition autour d’un extrait de thym révélaient là aussi son efficacité, alors que l’huile d’olive ou la paraffine prises pour témoins s’avéraient sans aucun intérêt. Les auteurs prenaient soin de souligner que des effets globalement comparables pouvaient être obtenus avec d’autres HE (citron ou cannelle par exemple), et que d’autres micro-organismes s’y avéraient aussi sensibles, dont des levures du genre Candida. Ils en concluaient qu’existait bien là une alternative efficace et bon marché aux antibiotiques, au moins pour une utilisation en topique…

Le thym et d’autres feront certainement encore, dans un proche avenir, l’objet d’études qui leur permettront (peut être) de rejoindre le champ glorieux de l’Evidence Based Medicine. C’est d’ailleurs presque chose faite si l’on en croit la communication que viennent de faire les Grecs du Technological Educational Institute des Iles Ioniennes lors de la réunion de printemps 2010 de la Society for General Microbiology à Edimbourg. Pour eux, l’HE de thym serait la plus efficace qui soit contre les staphylocoques, capable de détruire presque 100 % d’un inoculum de ces bactéries en moins d’une heure, et ce pour de nombreuses espèces du genre ; sans aucun doute, les HE, ou certains de leurs composants, devraient être largement incorporés à des crèmes et autres gels destinés au traitement d’infections cutanées et autres, quand elles sont accessibles. Ils vont encore plus loin, évoquant quelques indications dans l’industrie alimentaire, en packaging ou pour remplacer des composés chimiques utilisés comme conservateurs. Belle revanche des Aborigènes Australiens qui, depuis des lustres, utilisent les HE pour traiter une large gamme d’infections !

Dr Jack Breuil

Warnke PH et coll. : The battle against muti-resistant strains : renaissance of antimicrobial essential oils as a promising force to fight hospital-acquired infections. J Craniomaxillofac Surg 2009 ; 7 : 392-7.

Tohidpour A et coll. : Antibacterial effect of essential oils from two medicinal plants against methicillin- resistant Staphylococcus aureus (MRSA). Phytomedicine 2010 ; 2 : 142-5.

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